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Photo du rédacteursandrine perroud

L'abribus


© iStock / Pomemick

Je dors dans votre abribus

Tel est mon havre

Telle est ma chute

Mon chez moi se résume à un simple banc de bois

Quelques sacs et un peu de foi.


Je n'apparais que la nuit

Quand vous êtes dans vos lits

Que vos enfants dorment

Et que vous avez enfin un moment de répit.


Je m'allonge sur ma tenue militaire

Loin de chez vous, j'ai combattu une guerre

Pour un petit bout de terre

J'y ai perdu mes enfants, ma femme et ma mère.


Les ivrognes, les insomniaques et les promeneurs solitaires

Voient ma honte et ma misère

Le sommeil m'emporte malgré les crampes

Car je bois trop de bière.


Aveugle à leur pitié et leur indifférence

Je me fonds dans la nuit

Noire comme ma peau

Noire comme votre peur.


La poétesse désoeuvrée prendra son crayon

Et me dédicacera cette chanson

Elle ne connaît rien de moi

Même pas mon prénom.


Elle passe devant mon palace de fortune

Qui la menace

Car jamais loin n'est l'infortune du poète.


Elle se dit : moi aussi je suis lui

Moi aussi, je suis lui.

Lui est moi, nous sommes unis.

Oui, mais par quoi?


Je dors dans votre abribus

Tel est mon havre

Telle est ma chute

Mon chez moi se résume à un simple banc de bois

Quelques sacs et un peu de foi.


Septembre 2023.


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